Le mouvement des saltarines s’oppose au geste des ballerines, sage et esthétique, métrique et codifié. Animées, spontanées, joueuses, les saltarines nous renvoient à une forme d’expression outrancière, sensuelle et sexuelle, capables d’un dépassement de soi. Loin de toute transe stérile, leur puissance fertile, qui dérange, qui dérange encore, mérite d’être mise en jeu aujourd’hui.
Saltarines est un saut à la fois grave et séduisant, âpre et joyeux. Une danse, pulsée, dynamique tout en rebond, où hommes et femmes sont réunis sous une même identité féminine. Un postulat, une alternative aux conventions entre hommes et femmes. Une approche transformiste pour les uns, si précise, si fine que le genre devient banal, inaperçu, et passe au second plan.
Saltarines est le saut qui défie la pesanteur et désavoue la rumeur. Un geste articulé, défini par ses protagonistes, tel un cri spatial et temporel, sorte d’envolée engagée, lyrique, mouvante. Comme un aveu identitaire, à l’écoute d’une pulse, d’un rythme, d’un phrasé décliné au présent. Sorte de sacre aux retrouvailles des genres et des disciplines où majeur et mineur, puissance et vulnérabilité se rassemblent.